Malgré les doutes persistants, les multiples condamnations de l’ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan ne laissent aucun doute sur leur intention. Non seulement il était déjà derrière les barreaux et interdit de se présenter aux élections de jeudi, mais il a également été condamné à 10 ans de prison pour divulgation de secrets officiels, et à 14 ans supplémentaires pour corruption liée à la vente de cadeaux d’État. Le week-end dernier, lui et sa femme ont chacun été condamnés à sept ans de prison dans une affaire liée à leur mariage, déclaré “non islamique”. Tout cela pour marteler un message fort à ceux qui envisagent toujours de voter pour des candidats de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI).

Le fait que les élections aient été reportées et qu’elles aient lieu maintenant suggère que l’armée est raisonnablement confiante d’avoir éliminé la menace de M. Khan, même s’il reste le politicien le plus populaire du Pakistan. Les élections sont un événement bienvenu dans un pays qui a passé la moitié de sa vie sous un régime militaire direct. Cependant, aucun Premier ministre élu n’a terminé un mandat complet et, au mieux, les généraux se sont simplement retirés en coulisses. En 2022, le chef sortant de l’armée a reconnu les ingérences constantes de l’armée. Il a promis qu’elle ne s’immiscerait plus dans les affaires politiques. Mais depuis son discours, prononcé peu de temps après que M. Khan ait été renversé lors d’un vote de confiance largement considéré comme étant orchestré par l’armée, d’autres dirigeants du PTI ont été emprisonnés ou contraints de quitter le parti. Des partisans ont été détenus et harcelés. Des milliers de candidatures ont été rejetées. Les autorités ont retiré au PTI son symbole électoral représentant une batte de cricket, élément essentiel dans un pays où 40% de la population est analphabète. Les médias ont été pratiquement interdits de mentionner M. Khan.

La chute de M. Khan a également marqué le retour de Nawaz Sharif, qui était en exil volontaire. Ses condamnations pour corruption ont été annulées et son interdiction à vie de se présenter à des fonctions politiques a été supprimée. Le fils de Benazir Bhutto, Bilawal Bhutto Zardari, du parti du peuple pakistanais, est également candidat à l’élection.

Le calme relatif observé ces derniers mois, par rapport aux violentes manifestations qui ont suivi l’arrestation de M. Khan l’année dernière, est le résultat de la répression de ses partisans. Beaucoup pourraient ne pas se donner la peine de voter lors d’une élection dont les attentes sont si faibles. Mais sans un résultat crédible, le risque de troubles persiste.

Le plus grand problème est que davantage d’ingérence militaire ne sera pas bénéfique pour le Pakistan. Ses 230 millions de citoyens ont connu une augmentation du chômage, de l’inflation et de la pauvreté en raison d’une mauvaise gouvernance, ainsi que de la pandémie et des inondations dévastatrices. Sa dette extérieure a atteint des niveaux alarmants. La crise de sécurité s’est considérablement aggravée depuis que les talibans ont repris le pouvoir en Afghanistan : près de 1 000 personnes sont mortes dans des attaques dans les régions frontalières l’année dernière.

M. Sharif, considéré comme relativement compétent sur le plan économique, pourrait résoudre certains de ces problèmes. Mais l’armée semble déjà marquer son territoire. La polarisation politique, les institutions dysfonctionnelles et l’influence de l’armée ne peuvent pas résoudre les problèmes du Pakistan. Tant que les généraux décideront qui gagne et comment gouverner, ils seront les véritables vainqueurs.

Section FAQ :

Q1 : Quelles sont les condamnations dont a fait l’objet Imran Khan ?
R1 : Imran Khan a été condamné à 10 ans de prison pour divulgation de secrets officiels, à 14 ans supplémentaires pour corruption liée à la vente de cadeaux d’État et à sept ans de prison dans une affaire liée à son mariage déclaré “non islamique”.

Q2 : Pour quel parti politique se présente Imran Khan ?
R2 : Imran Khan se présente pour le parti politique Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI).

Q3 : Pourquoi les élections ont-elles été reportées ?
R3 : Les élections ont été reportées pour éliminer la menace d’Imran Khan.

Q4 : Quel est le parti politique de Nawaz Sharif ?
R4 : Nawaz Sharif appartient au parti du peuple pakistanais.

Q5 : Quels sont les problèmes actuels du Pakistan ?
R5 : Le Pakistan fait face à une augmentation du chômage, de l’inflation, de la pauvreté, une dette extérieure élevée et une crise de sécurité aggravée par les talibans qui ont repris le pouvoir en Afghanistan.

Q6 : Qui décide des résultats des élections et de la manière de gouverner ?
R6 : Les généraux de l’armée décident des résultats des élections et de la manière de gouverner.

Definitions :
– Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI) : nom d’un parti politique au Pakistan.
– Nawaz Sharif : ancien Premier ministre pakistanais.
– Benazir Bhutto : ancienne Première ministre du Pakistan, décédée en 2007.
– Bilawal Bhutto Zardari : fils de Benazir Bhutto et candidat politique au Pakistan.

Related links :
Site officiel du parti Pakistan Tehreek-e-Insaf
Site officiel du parti du peuple pakistanais